Uvira, Février 2025 : une ville congolaise sous tension face à la double menace
En ce mois de février 2025, Uvira, ville frontalière du Sud-Kivu en République Démocratique du Congo, vit sous une pression palpable et une insécurité grandissante. À quelques kilomètres de là, à Kamanyola, les rebelles du M23 progressent, attisant la peur dans chaque foyer. Pourtant, ce ne sont pas seulement les rebelles qui font trembler la population : ce sont aussi ceux qui devraient les protéger.

Les Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) et les milices d’autodéfense Wazalendo, censées assurer la sécurité, deviennent elles-mêmes source de terreur. Des témoignages rapportent des scènes d’extorsion, de pillage, et même de violence gratuite. Dans les rues d’Uvira, il n’est pas rare qu’un militaire en patrouille s’approche, arme à la main, pour exiger un téléphone portable. Refuser pourrait coûter la vie. Les rumeurs d’exécutions sommaires se multiplient, et plusieurs corps sans vie ont déjà été retrouvés dans différents quartiers.
L’affrontement entre les FARDC et les Wazalendo ajoute une couche de chaos à cette situation déjà explosive. Ces deux groupes, initialement alliés pour contrer l’avancée des rebelles, se disputent désormais le contrôle des ressources et de l’autorité sur la ville. Les coups de feu résonnent la nuit, et chaque détonation plonge un peu plus la population dans la psychose.
Les habitants vivent cloîtrés, la peur au ventre. Les marchés se vident, les écoles ferment leurs portes, et les familles s’entassent dans des abris de fortune, espérant échapper aux violences. Les voies de sortie vers Bukavu ou vers la frontière burundaise sont surveillées, rendant l’exode périlleux voire impossible pour beaucoup.

L’humanitaire, déjà précaire dans cette région, devient un défi de plus. L’accès aux soins, à la nourriture et à l’eau potable est compromis. Les ONG peinent à se déployer, craignant elles aussi les représailles des forces en présence.
Uvira, autrefois symbole de résilience malgré les turbulences de l’Est congolais, se retrouve aujourd’hui étranglée par la peur. La population attend, impuissante, un miracle ou un signe d’espoir qui tarde à venir.
Par Patrick MUSHOMBE