La francophonie au Burundi, une triangulaire entre : Ambassade de France au Burundi-AUF et IFB

Le Burundi fait partie des Etats membres de la Francophonie depuis 1970. Selon la loi N°1/31 du 03 août 2014 portant statut des langues au Burundi, le français est une langue officielle. Elle est la langue administrative et la langue de l’enseignement. Bien qu’elle date de toutes ces années dans un pays où elle a été imposée par la force, des rapports rôdent autour d’elle : elle est en chute libre depuis que le gouvernement du Burundi a mis en place le système fondamental. Mais quelle est la réalité sur la position de la francophonie au Burundi ? Serait-elle en déclin réellement ? Ce qui est sûr c’est que le français reste vivant au Burundi et continue de jouer un rôle prépondérant dans les activités politiques, économiques, diplomatiques et cela grâce aux différents acteurs.

La francophonie au service de l’éducation au Burundi

Le système éducatif burundais connaît depuis des années des changements de programme. Le plus récent est le système fondamental qu’on juge souvent inefficace. Depuis plus de 15 ans, le gouvernement a décrété une gratuité des frais de scolarisation pour les enfants de l’école primaire (actuellement l’école fondamentale) et cela a été un facteur explosif du nombre d’apprenants dans des classes ce qui fait que celles-ci souffrent cruellement du matériel nécessaire pour que les apprenants puissent étudier dans des conditions standards. Ce changement qui se fait au nom d’une « éducation adaptée aux réalités du monde moderne et aux nouveaux défis auxquels le monde fait face » se concrétise avec des partenaires étrangers qui contribuent énormément depuis des années dans ce domaine de l’éducation. Parmi ces partenaires l’Agence française de développement, une institution française : « Depuis 2019, l’Agence française de Développement cofinance avec le Partenariat mondial pour l’Éducation le projet Twige Neza de 51,9 millions de dollars américains (dont 4 millions d’euros de la France via l’AFD), ce qui fait de l’AFD le premier partenaire de développement du Gouvernement du Burundi dans le secteur de l’éducation de base ».

L’ambassade de France au Burundi

Selon Max Gallo, « un diplomate est un acteur. Il représente »S’il le croyait fictif, il n’a pas attendu des années. L’ambassade de France au Burundi, partenaire multiforme et multidisciplinaire, incarne ce rôle de diplomate qui sait se représenter et représenter l’autre. Cette représentation diplomatique, surtout à travers son service de coopération et d’action culturelle, ne cesse de faire rêver les Burundais en soutenant leurs activités culturelles et sportives, scientifiques et techniques, en intervenant dans le domaine de la coopération militaire et dans le domaine de l’éducation par l’octroi « des bourses d’études aux étudiants burundais ».

Dans le domaine des activités culturelles et sportives, l’ambassade de France au Burundi soutient des athlètes burundais, qui dans la plupart des cas, manquent de moyens financiers pour représenter le pays dans des compétitions à l’échelle internationale. A titre d’exemple, il faut noter le « projet pour l’émergence et la promotion des sportifs (PEPS) », financé par l’ambassade de France au Burundi et publié sur le site du journal Burundi Eco : « ce projet est mis en œuvre par le Comité national olympique (CNO) et le Comité paralympique du Burundi (CPB) et vise à renforcer les capacités des sportifs burundais en vue des compétitions internationales à l’horizon 2026 ».

L’autre projet dans lequel l’Ambassade de France au Burundi intervient est le Projet d’émergence et de promotion des sportifs (PEPS) qui, selon la patronne du Comité national olympique (CNO)  Mme Lydia Nsekera  permet aux talents burundais  de rayonner à travers le monde dans des compétitions. Ce projet est décliné en 4 composantes : « la détection des talents et le renforcement des clubs en augmentant le nombre de pratiquants dans les clubs des sports ciblés. Le suivi et l’accompagnement des talents prometteurs feront la détection au niveau supérieur des jeunes athlètes (16 à 25 ans) présentant des aptitudes à évoluer au niveau international. La 3e composante concerne les compétitions et mobilités internationales et vise à améliorer le niveau de compétitivité des athlètes burundais. En dernier lieu, il va s’agir de la coordination du projet par le CNO », ajoute-t-elle.

La liste de soutien de cette représentation diplomatique est exhaustive. Les domaines d’intervention cités ci-dessus ne sont que quelques-uns parmi une multitude.

L’Agence Universitaire de la Francophonie

Depuis des années l’AUF Burundi se veut être une institution et un partenaire incontournable, qui soutient le gouvernement du Burundi dans plusieurs secteurs. 

En premier lieu, elle appuie les établissement d’enseignement supérieur au Burundi, en facilitant l’accès à des ressources pédagogiques et en encourageant la coopération avec d’autres institutions francophones à l’échelle nationale et internationale. En deuxième lieu, elle participe à la formation des enseignants au Burundi en proposant des programmes de renforcement des compétences pédagogiques et en favorisant les échanges de bonnes pratiques. En troisième lieu, elle accompagne le gouvernement en contribuant à des réformes éducatives au Burundi par son expertise et en soutenant la mise en place de politiques éducatives efficaces. En quatrième lieu, elle intervient pour le développement de la recherche en encourageant la recherche scientifique au Burundi, en soutenant des projets de recherche multidisciplinaires et en favorisant la diffusion des connaissances au sein de la communauté universitaire. En cinquième lieu, elle intervient dans le renforcement des capacités des acteurs de l’éducation au Burundi en proposant des formations, des ateliers et des séminaires, en contribuant à l’amélioration de la qualité de l’enseignement et de la recherche. En sixième lieu, elle participe à la promotion de la langue française en encourageant l’utilisation de la langue française dans l’enseignement au Burundi, en contribuant à la promotion de la diversité linguistique et culturelle. En dernier lieu, elle aide dans la mise en place des partenariats internationaux pour le Burundi, en favorisant les échanges académiques, la mobilité des étudiants et des enseignants, et la collaboration avec d’autres institutions francophones.

De plus, l’Agence Universitaire de la Francophonie au Burundi promeut également des initiatives de la jeunesse estudiantine en milieu académique à travers les Clubs leaders étudiants francophones (CLEF) en les soutenant financièrement dans leurs activités, réparties dans plusieurs domaines : environnement, égalité des genres, … Ces clubs opèrent suivant les Objectifs de développement durables (ODD) et la charte de la Francophonie. Leurs objectifs « contribuent à l’animation de la vie estudiantine au sein des institutions membres, favorisent le développement de l’autonomie, de l’initiative, du sens de la responsabilité et de l’esprit entrepreneurial des étudiants, promeuvent les valeurs liées à l’engagement, au volontariat, à l’esprit d’équipe, à l’entraide et à la solidarité active auprès de la jeunesse francophone, sensibilisent les étudiants aux défis sociétaux majeurs et favorise la mise en réseau international de la jeunesse francophone. » Signalons que le Burundi compte environs dix clubs leaders étudiants actifs, que l’AUF soutient.

Institut français du Burundi

L’IFB, encore souvent connu sous l’abréviation « CCF » (Centre culturel français, le nom a changé en 2010), est l’un des principaux lieux culturels de la ville de Bujumbura comportant des salles de cinéma et d’exposition, de l’auditorium où sont données représentations théâtrales, films ou conférences, la médiathèque (20 000 références) et les espaces télévision, d’actualité et multimédia.

L’IFB assure aussi des cours de français et des cours de kiswahili et de kirundi de quoi raviver le goût d’une francophonie prônant une diversité et une cohabitation culturelles. Ce centre culturel est, depuis des années, le seul centre culturel étranger implanté au Burundi attirant un grand public lors des activités culturelles. « L’IFB entend jouer le rôle d’un incubateur pour de futurs artistes et talents culturels du Burundi et ambitionne de contribuer à favoriser l’émergence d’une véritable économie de la culture dans ce pays. Bon nombre d’artistes et d’auteurs burundais qui ont « percé » au niveau national, voire international, ont d’ailleurs « fait leurs armes » à l’Institut français du Burundi »

En somme, il est à signaler que cette triangulaire n’est pas la seule engagée dans la promotion de la francophonie au Burundi mais les autres acteurs n’interviennent qu’à des niveaux bas, probablement par manque de moyens. Dans cette perspective de promotion de la francophonie au Burundi, il est très important de mentionner que, malgré des études qui montrent que le niveau du français diminue progressivement au cours des années, le français garde toujours sa position de langue à usage quotidien. Il est à la manœuvre du développement au niveau national et international. Toutefois, il est souhaitable et recommandable de multiplier des efforts pour que cet héritage linguistique garde son statut de langue d’accès au savoir universel et d’ouverture au monde. Pour cela, des initiatives de développement de cette langue devraient être financées et impliquer la jeunesse dans une francophonie qui est adaptée aux défis auxquels cette jeunesse est confrontée à l’heure où le monde est devenu un village.

Par Thérence HATEGEKIMANA

Sources :

1. https://bi.ambafrance.org/Campagne-de-bourses-d-etudes-France-Excellence-Burundi-Annee-universitaire-2025

2. https://burundi-eco.com/vers-lemergence-du-handball-burundais/#:~:text=Un%20projet%20financ%C3%A9%20par%20l’ambassade%20de%20France&text=Ce%20projet%20est%20mis%20en,internationales%20%C3%A0%20l’horizon%202026

3. https://abpinfo.bi/2024/06/06/lancement-du-projet-demergence-et-de-promotion-des-sportifs-peps-2/

4. https://www.auf.org/nos-actions/toutes-nos-actions/clubs-leaders-etudiants-francophones-clef/

5. https://bi.ambafrance.org/La-politique-culturelle-de-la,830

6. https://www.auf.org/nouvelles/actualites/lauf-burundi-aux-cotes-ministere-de-lenseignement-nationale-de-recherche-scientifique/#:~:text=Appui%20%C3%A0%20l’enseignement%20sup%C3%A9rieur,avec%20d’autres%20institutions%20francophones.

7. https://www.afd.fr/fr/page-region-pays/burundi