Francophones des deux rives : la Route des Terre-Neuvas en trait d’union
Saint-Pierre-et-Miquelon, Saint-Brieuc et francophonie canadienne. On peut aisément dire que la route des Terre-Neuvas représente un pont entre les francophones. Le 16 août dernier, 10 trimarans de la classe Ocean Fifty ont quitté Saint-Pierre-et-Miquelon pour rejoindre les côtes bretonnes. Un événement sportif d’abord, une course singulière dans l’Atlantique Nord, mais qui entre aussi en résonnance avec des enjeux économique, historique, politique et touristique.
L’archipel en fête
Pour l’archipel de Saint-Pierre-et-Miquelon, il s’agissait d’un événement important qui a nécessité la mobilisation de nombreux moyens. « L’événement a fait venir beaucoup de monde. Les hôtels et tous les hébergements étaient totalement complets à Saint-Pierre, si bien qu’il a fallu faire appel à la population pour héberger des navigateurs. Pour nous, c’est une retombée magnifique, un événement formidable », nous explique Patricia Detcheverry, créatrice de l’agence HDE Voyages à Saint-Pierre.
La route des Terre-Neuvas était la route maritime empruntée par les pêcheurs français jusqu’aux côtes de Terre-Neuve. Il s’agit d’une chance incroyable de faire le lien avec l’histoire et de mettre en lumière la beauté de l’archipel. « L’événement a été couvert par des photographes professionnels spécialisés dans le domaine de la voile, ce qui a donné des clichés fabuleux, dont certains réalisés avec drone. »
Les territoires d’outre-mer sont trop souvent méconnus en métropole, malgré tout leur potentiel et leurs trésors de diversité. « Organiser une course de voiliers permet d’écarter une image passéiste de l’archipel pour présenter plutôt une image moderne, innovante, pleine de dynamisme à l’image des Ocean Fifty. »
Développer le tourisme ?
À la tête de HDE Voyages, Patricia Detcheverry, souhaiterait faire découvrir cet archipel qui dispose de tous les atouts pour ravir les touristes. « Quand on voit qu’une agence de voyage française envoie des touristes en Norvège pour observer les macareux, c’est dommage. Il y a sur notre archipel, la plus grosse colonie de macareux de France et probablement parmi les plus grandes du monde. » Alors pourquoi ne pas se laisser tenter ?
« Il existait déjà une agence de destination, portée par le conseil territorial, qui fait la promotion de l’archipel – et de mieux et mieux – mais qui n’a pas vocation à vendre des séjours. Il manquait ce maillon commercial, c’est pourquoi nous avons créé HDE Voyages en avril 2024 », explique Patricia Detcheverry. « Nous souhaitons offrir des opportunités de voyage à Saint-Pierre-et-Miquelon et à la région de l’Est du Canada. »
Les clients visés viennent principalement du Canada, tout proche, mais aussi de certaines régions de France métropolitaine. « Nous communiquons davantage au Canada qu’en France, et en France nous communiquons surtout dans les régions susceptibles de connaître Saint-Pierre-et-Miquelon, comme en Bretagne, en Normandie ou dans le pays basque. »
La francophonie comme horizon de voyage
Le credo de Patricia Detcheverry : « Permettre aux voyageurs francophones de voyager en français dans cette région ».
Il existe en effet un important potentiel de développement touristique. « 300 000 francophones habitent dans cette partie Est du Canada (hors Québec) : Nouveau-Brunswick, Nouvelle-Ecosse, Terre Neuve et Labrador et Île du Prince Édouard. Cela représente un bassin de population et d’accueil touristique francophone important. C’est la preuve qu’il existe d’autres régions que le Québec, beaucoup moins connues, mais tout aussi belles, tout aussi spectaculaires, où l’on peut voyager en français. »
Se rapprocher de la nature, découvrir des espèces sauvages, destination authentique loin du tourisme de masse : pourquoi ne pas choisir Saint-Pierre-et-Miquelon pour votre prochain voyage ? « Un vol direct de 4h30 relie Paris-St-Pierre tous les étés, nous espérons que ces liaisons vont se multiplier », nous confie la fondatrice de l’agence, en conclusion.